Le cinéma selon René Vautier

Vautier est l'un des cinéastes à s'être le plus impliqué dans la lutte et la défense de la liberté d'expression. Ses films, marqués par son engagement, démontrent une volonté de dénoncer et d'informer. Le cinéma lui a servi d'outil, d'arme de résistance contre. Contre le racisme, contre le colonialisme, contre la guerre... Dès Afrique 50, Vautier insiste sur la nécessité d'informer au plus vite l'opinion publique des atrocités commises par la France, de montrer les réalités cachées et de soutenir la lutte de ceux qui n'ont pas de moyens d'expression. Le vrai visage du colonialisme, la guerre d'Algérie (en général, et notamment les crimes commis par Jean-Marie Le Pen), les grèves, les manifestations, la marée noire de l'Amoco Cadiz, les conditions de vie des immigrés en France, les essais nucléaires, l'apartheid... Tous ses films s'appuient sur des faits réels, et ont fait travailler la censure : selon Michel Boujut, Vautier est "le réalisateur français qui a eu le plus de des problèmes avec la censure et qui lui a posé le plus de problèmes". De ce fait, la diffusion même des films avait un aspect militant dans sa clandestinité.

Une lutte contre la censure

Un fait marquant de la lutte de Vautier contre la censure est la grève de la faim qu'il a menée en 1973. Elle avait pour but de demander "la suppression de la possibilité, pour la commission cinématographique, de censurer des films sans fournir les raisons" car les cinéastes auraient ainsi la possibilité de modifier leurs films en conséquence, et "l'interdiction, pour cette commission, de demander des coupes ou refus de visa pour des critères politiques". Au 31ème jour, il obtient satisfaction, mais ce n'est pas pour autant que les films militants sont diffusés : ce sont les grands de la distribution qui font la loi et le gouvernement contrôlait encore la télévision.

Cinéma d'intervention sociale

Le but du cinéma d'intervention sociale est de filmer ce qui est pour agir sur le développement. Un effet de la censure est de vouloir raconter l'Histoire bien après qu'elle s’est passée. Vautier dénonce ce fait dans Le remords (court-métrage, 1973, intégré dans La folle de Toujane) où un réalisateur justifie le choix de taire ce qu'il vient de voir, c'est-à-dire un immigré tabassé par des policiers, tout en promettant de faire un film fort... plus tard. Le problème est que pour écrire l'histoire avec un décalage temporel, le cinéaste est confronté à un manque d'images : celles qui n'ont pu être filmées, celles qui ont été interdites, celles qui ont été détruites. Le cinéma d'intervention sociale, par son ancrage dans le présent, a donc pour vocation de dire l'Histoire "en direct".

Militantisme ?

Vautier a été membre du Parti Communiste. Il s'est cependant toujours refusé à illustrer les thèses du PC. Il tourne ce qu'il voit, ce qui le frappe, Ensuite, il prêt à discuter sur l'interprétation qu'il donne de ces images, surtout avec d'autres personnes qui ont des informations différentes des siennes sur l'environnement social et politique de ces images. En aucun cas, Vautier ne part d'une thèse préétablie pour filmer.

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Mael Le Hir